VaS: Cornettes de Bise

En montant, je me disais que j'allais en soulager plus d'un-e à la fameuse question « Alors maintenant, qui va rédiger le récit ? » J'avais une idée, guère lumineuse certes, mais j'y tenais : dédier ce sommet à Erich, empêché de participer à cette course « mythique » … alors que tous les signaux étaient au vert pour enfin atteindre le sommet. La 6e tentative allait être la bonne … comme pour le Tödi. Et puis, nous pouvions également dédier ce sommet à Pascale et Michel, freinés le matin même par une crevaison. Et puis, nous pouvions également le dédier à Christel et Luis, stoppés nets à Cossonay par un ennui mécanique. Et finalement, nous pouvions dédier les magnifiques Cornettes de Bise à Hélène, chargée par Christel et Luis à Bavois et stoppée par le même ennui mécanique 10km plus loin. Bref, avec les dédicaces, j'avais déjà un paragraphe.

 

La montée est douce et tranquille. Fernand, qui a repris à la volée la direction de la course avec Philippe ; Fernand donc, fait bien attention de respecter les habitudes d'Erich, soit de faire une pause toutes les 60mn exactement. Et nous voilà devant le passage « merdico-technique », sous la face nord des Cornettes, à 200m à peine du sommet. Les couteaux tranchent et stabilisent. Cela tient relativement bien jusqu'à un arrêt et à un Fernand circonspect. Philippe remonte la file. Il travaille du piolet pour nous construire une autoroute pour les Cornettes. Après 5 minutes, Philippe nous annonce de la glace. Nous chaussons nos crampons et mettons les skis sur le sac. Il fait froid. Patrick crie : « Il est tombé, Philippe a dévalé ». Je doute car Philippe est debout à 150 de moi (ndlr : Philippe a bel et bien glissé sur la glace, il s'est simplement relevé très vite). En revanche, ses skis se sont téléporté 50m plus bas. Discussion entre Fernand et Philippe, la messe est dite : nous rebroussons chemin et montons sous un fort vent, que dis-je, sous une forte bise à la Tête de Lanchenaire. La descente par le sud, via le Col de Chaudin est très belle et fournie de neiges changeantes. Nous voilà à la voiture, sandwich à la main, ne serait-ce que pour respecter une belle tradition d'Erich.

 

Les 7 rescapés ne sont ainsi pas en mesure de dédier l'ascension des Cornettes de Bise à Erich, Pascale, Michel, Christel, Luis et Hélène. Ils leur dédient cependant cette belle journée, quelque peu rocambolesque, et profitent au passage de remercier Fernand et Philippe pour avoir conduit cette course avec brio.

 

Pour le récit : Benjamin