Sortie fondue : Tête-de-Ran depuis la Corbatière

Compte rendu par la nouvelle-venue.

D'avance, pardon pour ce qui va suivre.

Esprits sensibles et psychorigides s'abstenir.

 

Départ à 13h01 du téleski de la Corbatière, 

L'Équipe détendue et sympathique fait ses derniers réglages. Deux énergumènes bizarres font leur apparition à la dernière minute.

Ski clippés, crème solaire sur le nez, soleil chauffant et bleu ciel à foison. Le moral mord à l'hameçon.

C'est parti.

Baptême pour la cheffe de course!

Et son assistante...

Un duo sexy et sérieux. Check des DVA donc.

La classe passe sans soucis, sauf pour l'énergumène J. qui est recalé.

Son rattrapage est accepté de justesse.

On se met en glisse.

Traversée tranquille du champ montant vers le goulet d'étranglement de la Roche-aux-Crocs.

Deux skieurs descendent à notre rencontre en agitant les batons. Les parents de la cheffe. On les voyait descendre lentement, très lentement, sur la piste en face de nous. (Bizarre?)

Ils ont le sourire. On tchatche en bref. Ils nous offrent des chips et des pantoufles. On se sent à la maison.

Nous continuons.

L'arrivée à la buvette de la Roche-aux-Crocs se fait sur une route où des caillous fleurissent à même le sol. Des sortes de crocus du printemps, mais durs.

Démarches félines et attentives sont de mise. Marcher sur des oeufs, ça s'appelle? Même les hommes savent y faire.

Nous arrivons vers la rivière. Le crux de la course. Déchaussage efficace. Le courant est fort. Nous nous encordons, par prudence. Chacun traverse, tout se passe bien. On sort les bouteilles de champagne pour fêter ça.

Bon faut pas non-plus croire tout ce que les gens écrivent comme compte-rendus.

Après la rivière, virée à droite, direction le Mont-Dar

Les discussions et le rythme vont bon train. 

Progressivement une division avant-arrière des wagons humains se fait

Le soleil chauffe.

L'arrière-train se dénude et J en profite pour prendre des photos. De l'avant-train surtout! Faut arrêter d'avoir l'esprit mal tourné.

On blague, on fait des signes, et plus haut finalement, le train se reforme en chenille continue. Tout le monde semble se délecter de cette escapade simple et belle, ou l'on peut laisser l'esprit se perdre, dans les bras du ciel pur.

Petite pause en haut de la butte, en contrebas Des Neigeux. Thé et détente.

C'est reparti pour la Face Nord de Tête de Ran. Le vent rafraîchit les idées et les épaules dénudées.

On avance. On atteint le chemin de la Merde. Tout d'un coup, surgissent 3 individus mâles avec des mikados comme skis tellement ils sont fins. Et des quadriceps géants. Des Darius Colognus en devenir.

On continue. Là, un arbre somptueusement symétrique et rond, recouvert de givre. Au soleil, la vision est presque irréelle.

Nous progressons encore dans un dernier champs et rejoignons le dernier bout de route (à l'ombre), qui nous mènera à Tête-de-Ran.

Tout le monde va bien.

Passage au dessus du parking, et montée sur la route en direction du somme. Sur la droite, en contre-jour des sapins, vêtus d'une brume invisible, érigés dans le bleu du ciel. Le soleil marquent leurs pourtours par ses rayons de velour.

Encore 30m. Et on dépaute.

Certains sont efficaces car leurs peaux ne collent pas. D'autre le sont par habitude. D'autres encore se demandent si on va aller au sommet.

Les uns blaguent. les autres boivent (du thé, on est à sec de champagne). C'est bon ça y est. 

Face SE. Première descente. 

La cheffe

en tête

de rang.

La neige est magique. Le fond dur comme il faut pour, que les carres puissent répondre aux impulsions qu'on leur envoie dans le crâne!

Et dessus, un nuage de givre, pour faire de tout ça un moelleux agréable. Miam.

Slaloms entre les petits arbustes, petites chorégraphies du bassin et des jambes.

Des S à l'infini sur la feuille blanche de la pente. Trop bon.

La fin, un peu beaucoup gelé (vu la course du jour précédent m'explique J.). On s'arrête avant la fin.

Tout le monde va bien.

Repautage n°1 et CAKE de l'assistante de course. Une explosion de bonne humeur sur les papilles.

On parle de quoi? Je sais plus. Mais on est bien.

Ensuite, on remonte. Les deux énergumènes partent en tête, épris par des discussions sur la fabrication du papier en Russie. (Et là, vous pouvez me croire, pour une fois.)

Un, puis 2 bequêts. Le deuxième, sous le téléski, est vraiment raide. Yen a qui tirent droit au milieu, par inconscience, ou par ras-le-bol. D'autres, plus sages, font des spectaculaires conversions en continu.

Vu d'en bas, on se croirait face à ses jouets en bois, où on pose la bille tout en haut dans des rails, et elle descend en zig-zag parfait.

Ben là, c'est pareil, sauf qu'on monte. Faut suivre.

Au final, on sue un peu, on est content!

Et on revient au point de départ de la descente. Là, un bref débat a lieu.

L'esprit du CAS est si puissant que le groupe le ressent et se soumet sagement à sa volonté. 

Nous partons pour le dernier bout, conquérir le sommet de la Tête.

En haut, c'est si beau. Mais il fait frais. Et la tête est chauve face N. Donc on redescendra sur nos pas.

Après quelques selfies, le narcissisme du groupe est à son paroxysme.

Un deuxième débat s'enflamme, pour savoir si on garde les colles ou pas.

On les enlève. L'énergumène C. ayant oublié ses gants, la cheffe fait preuve une nouvelle fois d'un sang froid hors normes et d'une intelligence rare. Elle sort de son sac une paire de gants magiques, à 2 doigts (+pouce), semblables à ces chaussettes japonaises tabi, idéales pour mes tongs.

Bref.

On descend la route qui tourbillonne autour de la Tête vers le bas. On repasse le parking.

Là, deux groupes se forment: les têtes brûlées qui feront du Skating pour traverser la plaine en direction de la dernière descente, et ceux qui pratiqueront le maniement de la peau.

Pratique de méditation très répandue en Ouzbekistan d'ailleurs.

Les sprinteuses partent les premières, profitant des fondeurs pour s'engouffrer dans l'aspiration de leur vitesse incroyable.

Les autres marchottent.

Après quelques poussées finales nécessaires, les sprinteuses atteignent le pic du téléski de la Roche-aux-Crocs.

Elles jouent aux échecs, vont chercher le journal et se regardent un bon petit film.

Les autres arrivent avec l'apéro.

S'ensuit une bataille fort attendue entre la cheffe et l'individu J., qui a continuellement semblé la provoquer, dans l'espoir de gagner le Ran de mâle aplha...

Mais la cheffe est vive et ne se laisse pas surprendre très longtemps!

Privée de l'un de ses bâtons, elle lui court après et finit par le mettre à terre grâce à sa force centripète.

Ni une ni deux, elle lui pique ses bâtons et le malheureux ne peut que se laisser traîner à terre dans un dernier espoir de resister.

Parallèlement, deux autres individus femelles se rallient à la cheffe et piquent les skis de J.

Ce qui l'obligera à s'avouer vaincu et descendre à pieds pour revenir dans le peloton.

Ainsi réunis, la meute entame la dernière descente.

L'assistante part en tête avec 3 individus, le deuxième wagon suit.

La neige n'est pas bonne du tout. Carton de taule en vaguelettes. Ouch.

Un membre du deuxième wagon chute de manière inattendue. On se regroupe. Rien de cassé. Juste des lunettes doubles verres séparables remplis de neige. Faute de gants, l'individu C. sort de sa poche un tissus spécial pour essuyer les verres. Ce geste fait sensation. On en oublie le groupe en contrebas, qui attend à l'ombre.

On repart pour les rejoindre.

Le carton est passé à du béton complètement inskiable.

On se rappelle des parents de la cheffe et de leur lenteur. On comprends.

On descend en hurlant, en chantant, en vomissant ou juste normalement! Hooo! Ça va pas bien, là-dedans votre tête!

Bref. C'était pas une descente coon.

La pente raide de la Roche nous a filé les Crocs (haha arrêtez. C'est trop.)

On passe la buvette, petit saut, et revoilà la route avec les crocus. Ça freine sec par moments, on sent les larmes monter, tellement on a mal pour nos spatules.

Retour au premier champs de la Corba. Coucher de soleil apaisant. On fait une dernière poussée et on se course jusqu'à la voiture.

On arrive.

Ça y est. On est contents.

On pleure. On se felicite. On prend des selfies. On range les skis.

On se réjouit de la fondue et du thé.

L'individu C. s'en va pour un autre canton, on sembrasse.

C'était vraiment une super journée.

Merci.

À la prochaine....