4 août 2000
Yann vient de rejoindre le fil de l'arête, un relais sous une grosse corniche, le matériel est trié, une tasse de thé est bue et il faut y aller, les premiers pas sont toujours difficiles, la glace est dure comme du verre, le petit couloir est vite avalé, il butte contre les rochers verticaux. Une fissure pleine de glace et quelques blocs m'incitent à attaquer directement, les coinceurs vont à la perfection mais les cailloux bougent, rien ne tient, retour aux pieds des rochers, les heures passent et les mains gèlent au relais, il n'y a pas seulement les mains qui gèlent...
L'horlogerie finlandaise nous rappelle, retour au camp 2, trois heures pour aller, la moitié pour rentrer et 40 m d'escalade, rien ne nous est épargné. Après une bonne nuit et un repas de fête (sauté de boeuf bourguignon, 80 g sec, dégueulasse mouillé), c'est reparti, ah j'oubliais trois heures de jumar.
5 août 2000
Bon! petite traversée dans l'autre face, elle plonge sur près de 1000 m en arête, cascades et champignons de glace, un premier rivet, un deuxième, un pendule et le haut de la fissure est rejoint, natation synchronisée, acrobaties, jurons..., dix mètres de gagnés, la pente est presque verticale, travail de conciergerie d'abord, sous 50 cm de neige et glace, il n'y a qu'un tas de cailloux, la progression est difficile et le matériel manque, je redescends. Christian récupère les vis à glace et reprend une traversée sur des oeufs, depuis le relais on compte les centimètres qui passent. Enfin, après deux rivets supplémentaires et une démonstration de toutes les techniques de l'escalade façon Rébuffat, Christian disparait au sommet de cette partie. Résumé: 2 leaders, 8 heures d'escalade, 4 rivets, 35 m d'escalade et le sommet qui s'approche... si, si, vous verrez.
Jean-Mi.