Monts Fanskye, récit

En 1992, notre section a organisé une mini-expédition de 5 semaines en Asie Centrale. C'est au terme de longues recherches que nous avons décidé de partir explorer un massif encore peu connu des Occidentaux, situé au nord-ouest du Tadjikistan: les Monts Fanskye qui culminent à près de 5500 m au Pic Tscimtarga.

Ce sont 10 membres de la section qui se sont envolés en juillet 1992 pour Mouscou, puis Samarcande, avant de s'entasser dans un mini-bus pour atteindre le pied du massif.

Depuis là, nous avons eu 3 semaines pour découvrir une nature sanvage, des paysages merveilleux et une population très accueillantes, mais aussi gravir 4 sommets situés entre 4600 et 5300 m.

Une dizaine d'ânes transportaient tentes, matériel et nourriture, et une équipe russo-tadjike s'occupait de l'intendance plutôt efficacement.

Les ascensions n'étaient techniquement pas trop diificiles. Des pentes de neige qui pouvaient être relativement raides, pas mal de caillasse, et surtout de bonnes dénivellées! Les sommets gravis ont pour nom le Pic Pouchnavat (4637 m), le Pic Energie (5150 m), le Pic Paichamber (4950 m) et la Grand Gansa (5300 m). Voici un extrait de mon carnet de bord: "... A 2h45 nous démarrons, éclairés par une lune superbe. Remontée de la moraine, puis remontée du glacier jusqu'à la grande pente sous le col. Belle pente régulière en neige très dur, les crampons mordent bien. L'aube s'annonce superbe, avec le ciel qui commence à rougeoyer au-dessus des montagnes, et qui s'éclaircit peu à peu, pour laisser apparaître une boule rouge et resplendissante. Nous arrivons au col (4400 m) à 6h, juste réchauffés par le soleil. Après une petite pause rapide, nous attaquons "l'arête" qui doit nous mener au sommet. Ca commence par une pente de gravier (décidément, ces sommets, c'est tous des tas de cailloux!), puis des pentes de neige dure, plus ou moins raides. Nous atteignons le sommet du Grand Gansa, 5300 m, à 10h15, après 7h30 d'efforts et 2000 m de montée... Le temps est superbe, la vue incroyable à 360°! On se congratule! C'est la plus haute réussite de l'expé...!"

Nous gardons tous un lumineux souvenir de l'accueil des gens dans les villages et les pâturages d'été, où plusieurs familles logent sous des tentes pour s'occuper du bétail. Partout on nous offrait des bols de yoghourt rafraîchissant et du pain noir excellent, accompagnés de sourires chaleureux... Une fois nous avons même chanté tous ensemble des chants tadjiks! Après la partie sportive de l'expédition, nous avons encore visité les célèbres villes de la route de la Soie, Samarcande, Boukhara, Khiva, avec leurs mosquées et leurs medersas couvertes de céramiques bleues... des noms qui font rêver, des images qui resteront toujours gravées dans nos mémoires.


Source:
Carole Maeder-Milz, dans "125 ans, Section Neuchâteloise du CAS, 1876-2001"