par Willy Pfander
Les grands espaces nordiques, plaines sans fin, forêts de bouleau, de pins, lacs, rivières, marais gelés à l'infini. Au nord apparaissent les tunturis, monts aux courbes douces, non sans rappeler celles du Jura, mais dénudés, arides. Ici un arbre rabougri, témoin de tempêtes glacées. Là, la pointe d'un jeune pin, émergeant de la neige, apprécie les bienfaits du soleil. Un paysage oû les gris bleutés font merveille. Un sentiment exaltant de liberté envahit le randonneur. Comme dans nos alpes, tout doit changer lorsqu'un vent rageur balaie l'étendue, soulève des tourbillons de neige. Il vaut mieux alors trouver un abri...
En avion, quelques 3900 km nous séparent de Kittilä à 130 km au nord du cercle polaire, près de la frontière norvégienne. Skis aux pieds, nous allons poursuivre vers le nord jusqu'à Hetta, situé au-dela du 68ème parallèle. Cette randonnée, du 3 au 12 avril 1993 a été proposée et organisée par J.-F. Mathey, adepte enthousiaste d'évasions nordiques. Nous serons une vingtaine à suivre Hannu, guide local, le long des pistes tracées sur une niege froide poudreuse. Fartage vert-bleu!
De loin en loin, un "Kota", foyer installé au bord de la piste, nous invite à un moment de repos. Les fermes ou habitations sont rares. Au soir de la première journée, nous sommes chez Hannu, occupant deux chalets de vacances: chambrettes, salon et l'inévitable sauna, le délice de chaque étape. Les hébergements seront variés: hôtel, logements collectifs, voire chez l'habitant. Départ au matin: température 10 ou 15° sous zéro est la norme. Ciel bleu. Nos bagages sont pris en charge par un véhicule. Glisse merveilleuse, silencieuse. Au loin sur un lac gelé un point nous intrigue. C'est un pêcheur assis au bord d'un trou foré dans la glace. Quelques poissons gisent à son côté.
Notre randonnée va ainsi de découverte en découvertes, vision de paysages à la fois semblables et attachants, dégageant un sentiment de solitude, de liberté. Par étapes de 30 à 50 km, nous arrivons à Hetta, terme de la randonnée.
La bonne humeur des participants, l'accueil des hôtes, les spécialités culinaires lapones, (pas toutes), le sirop de myrtilles, les paysages traversé, la fatigue accumulée ont fait de ce périple un souvenir vivant extraordinaire. Au matin, les cloches de l'église résonnent dans l'air froid. Les fidèles parés de leur costume national, éclatant de couleurs, affluent. C'est Pâques! Au revoir Laponie.
Source:
Willy Pfander, dans "125 ans, Section Neuchâteloise du CAS, 1876-2001"